Lassina Zerbo recommande à l’AES de s’associer pour une centrale nucléaire 

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Dr Lassina Zerbo, invite surprise sur le plateau de bf1 / capture d’écran émission

L’ancien Premier ministre et spécialiste du nucléaire Lassina Zerbo a recommandé à l’Alliance des États du Sahel (AES) une association pour faire une centrale nucléaire que chacun des trois pays avec sa centrale.

« Pour le nucléaire, je pense qu’on ne peut pas avoir chaque pays qui essaie de faire sa centrale nucléaire. Il est opportun que les trois pays s’associent », a-t-il suggéré – lors d’une émission de fin d’année de la télévision privée bf1 – prenant exemple sur le Niger qui a de l’uranium et peut-être qui a beaucoup plus d’espace que le Burkina. « Dépendant de la taille des centrales, si on parle d’une centrale modulaire de 300 à 350 mégawatts, l’installer au Niger pour qu’il puisse donner de l’électricité au Burkina et au Mali, c’est possible et je pense que c’est encourageable et encouragé », a dit l’ancien Secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), l’organisation onusienne qui s’intéresse aux questions du nucléaire. 

« Voilà un peu pourquoi se mettre ensemble pour l’implémentation d’un programme aussi gigantesque qu’un programme nucléaire n’est pas mauvais », a affirmé l’expert et d’ajouter: « une centrale nucléaire, on s’engage pour 50 à 100 ans. Ce n’est pas un projet qui se fait en 5 – 10 ans et c’est fini. Vous donnez une responsabilité à des générations à venir, ça prend beaucoup de sérieux, de discipline et moins de propagande », a indiqué l’éphémère patron du gouvernement de Roch Kaboré (10 décembre 2021-24 janvier 2022). 

Pour Lassina Zerbo, les derniers pays à amorcer le possible démarrage de la construction de ses centrales nucléaires en 2027 mais pour voir la réalisation en 2034 alors qu’ils ont commencé tout le processus de régulation, de sécurité, de licence. Il estime qu’on a besoin d’une structure de régulation qui ne va pas dépendre de l’Etat, qui va faire une évaluation de tout le processus, des concepts que les uns et les autres qui sont nos partenaires vont déposer au Burkina et dans les différents pays de l’AES et voir si ces concepts sont en règle avec le système international de régulation et ils vont vous donner la licence. « Tout ce processus prend du temps. Le client est sur ce processus et il pense démarrer la construction en 2027 pour finir en 2034 », a-t-il ajouté.

« C’est vous dire qu’on ne construit pas une centrale nucléaire en deux ou trois ans. Il faut minimum 10 ans pour les grosses centrales », explique Lassina Zerbo. 

Il y a cependant d’autres alternatives avec l’évolution technologique.  Il y a de petits réacteurs modulaires et les micro réacteurs modulaires. « Ils sont dans leur concept prouvé, les micro réacteurs, vont être réalisés entre la fourchette 5 – 10 ans et là on va amener des micros réacteurs dans des conteneurs et cela va être facile à transporter. On n’a pas besoin des systèmes de sécurité et de garantie qui vont mettre à mal toute l’expertise dont on a besoin pour faire implémenter le projet », a dit Dr Zerbo.

« Moi je suis partisan que nos pays aillent vers les petits réacteurs modulaires ou les micro réacteurs modulaires. Et si je prends l’exemple des grandes centrales conventionnelles ou classiques, si vous prenez un périmètre de sécurité ou d’observation dont on a besoin, le périmètre de sécurité vous avez un rayon de 10 à 20km, le rayon d’observation, il vous faut 80km. En bon samo, je vous dirai comme les mossi ont vendu tout le Burkina, il va être plus difficile de trouver 80km toute suite pour faire ces centrales classiques. Moi je suis partant pour des centrales modulaires parce qu’elles sont plus compactes, elles sont conçues et fabriquées à l’extérieur, elles vont utiliser les réacteurs à neutrons rapides qui vont permettre moins de déchets parce que l’uranium qui est utilisé est en faible quantité, et doit nous permettre de faire face à cette crise énergétique parce que c’est de l’énergie en continu. Les centrales modulaires sont nouvelles. Les micro réacteurs ils faut attendre 5 ans minimum », a expliqué le spécialiste.

« Les pays africains peuvent contribuer ou participer à l’évolution technologique et à l’implémentation de ces centrales et apporter l’expertise dans le pays. Ce qui va coûter très cher, c’est le manque d’expertise. Une grande centrale classique va vous demander 10 000 à 12 000 employés. Pour une centrale modulaire, vous diviser par trois ou quatre et une centrale micro, il y a très peu », a dit Lassina Zerbo. 

Pour lui, il faut un système de formation qui intègre depuis le lycée et qui va amener les jeunes à s’intéresser au nucléaire. « Le nucléaire ce n’est pas seulement l’ingénierie nucléaire. On a le droit nucléaire, on a la médecine nucléaire. Ce sont les sciences et technologies nucléaires. Et je pense que l’académie des sciences du Burkina doit s’y intéresser si l’énergie est une priorité et je pense qu’on pourra aller vers un système d’ici cinq ans qui va former des centaines d’experts Burkinabè et qui pourront nous permettre d’accompagner l’implémentation ou la mise en place de ces centrales nucléaires », a suggéré Dr Lassina Zerbo. 


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