
Le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a tourné pendant plus de deux ans son film « Katanga, la danse des scorpions », qui lui a permis de remporter samedi soir l’Etalon d’or de Yennenga lors de la 29e édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Du tournage à la post-production, en passant par le montage et les comédiens… le réalisateur a voulu travailler avec seulement l’expertise burkinabè. Le film a été tourne entièrement au Burkina Faso précisément dans les banlieues de la capitale burkinabè.
La démarche Dani
Le réalisateur est connu pour sa patience dans la réalisation de film. On se souvient de son long métrage en 2001 « Sia, le rêve du python » qui avait raflé plusieurs prix au Fespaco de cette année et ailleurs dans le monde. Même si le réalisateur a réalisé d’autres films depuis cette période, il faut dire que c’est son grand retour plus de 20 ans après avec ce film « Katanga, la danse des scorpions ». Pour Dani, un long métrage, c’est tous les cinq ans.
« Moi je prends un an, deux ans pour écrire une histoire. Je fais du cinéma d’auteur. Moi je fais un film quand j’ai vraiment quelque chose que j’ai envie de raconter », a affirmé le réalisateur dans une interview inédite à la chaîne de télévision Canal3 Burkina. « Je ne raconte pas des histoires pour faire du cinéma, je fais du cinéma pour raconter des histoires. Il faut que j’ai l’histoire avant de faire le film », a-t-il précisé.
« Quand tu veux dire des choses, tu prends ton temps pour l’écrire. Ça peut prendre deux ans. Quand tu es satisfait du scénario au bout de deux ans, tu commences à chercher l’argent. Ça peut prendre un an, deux ans. Après tu tournes, ça peut prendre encore un an. Pendant tout ce temps tu manges comment? Tu fais manger tes enfants comment? Et ce n’est même pas sûr que ton film marche. Donc notre vie est assez précaire », déplore le réalisateur dans le grand entretien de la première chaîne de télévision privée au Burkina Faso.
Quid du financement du cinéma?
Le réalisateur estime qu’au bout d’un moment, le système de la cinématographie burkinabè est tombé en panne.
Le cinéaste affirme que tous les grands noms qui ont fait des films tels Idrissa Ouédraogo, Gaston Kaboré, Pierre Yaméogo… il y avait des structures de production qui pouvaient permettre de faire des films de belles factures. « C’est un vrai parcours de combattant pour faire un film », déclare Dani Kouyaté.
Son dernier long métrage a couté un million d’euro, plus de 650 millions de FCFA. « Le film Katanga que je viens de terminer, le budget c’est quand même un million d’euro. Si tu n’as pas un million d’euro tu ne fait pas un film de cette facture », a révélé le réalisateur dans l’entretien de la télévision. « Il y a des figurants, il y a des costumes, il y a des décors, des équipes à nourrir… », s’est-il justifié.