
Trois jours, trois pays, trois capitales. John Dramani Mahama, le nouveau Président Ghanéen qui a entamé son périple dans la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) samedi par Bamako, puis dimanche Niamey, a terminé ce lundi 10 mars 2025 à Ouagadougou. Si à Bamako John Dramani a promis être le pont entre l’AES et la Cedeao, à Niamey, le nouveau Président a prôné la reconnaissance de l’AES par la Cedeao.
A Ouagadougou, on a parlé plus bilatéral que multilatéral. Le Président Dramani n’a pas mentionné l’organisation sous-régionale dans son point face aux caméras. On retiendra que l’axe Ouagadougou-Accra se porte à merveille. Le pays de Kwamé N’Krumah a promis de s’engager aux côtés du Burkina Faso comme dans les deux autres États membres de la nouvelle alliance, dans la lutte contre le terrorisme mais pas que cela. Le Burkina et le Ghana veulent renforcer leur coopération économique avec pour objectif de faciliter la libre circulation des biens et des personnes, le transit des biens et marchandises du Burkina Faso utilisant le corridor du Ghana.
Aussi, le Ghana veut se lancer dans la construction du gazoduc Accra-Bolgatenga (facilitant le transport des hydrocarbures) et la possibilité de son extension au Burkina Faso. Dramani annonce aussi que son pays est prêt à fournir l’électricité au Burkina Faso. Enfin, que demander de plus si ce n’est le renforcement d’une liaison aérienne entre Ouagadougou et Accra ? Une compagnie aérienne locale au Ghana envisage ouvrir une ligne directe sur Ouagadougou avec au moins un vol par jour, assure John Dramani sur le perron de Koulouba.
Que ce soit à Bamako comme à Niamey, le Président Mahama a étalé les possibilités que son pays peut offrir aux deux capitales. L’AES constituée des pays de l’hinterland pourra sans grand dommage, compter sur les ports du Ghana. Dramani qui avait déjà dans ses premiers décrets nommé un envoyé spécial auprès des pays de l’Alliance des États du Sahel, se positionne comme un partenaire privilégié et de choix pour l’ensemble des trois pays qui ne fument pas forcement le calumet de la paix avec certains des pays de la côte avec leur accès à la mer. L’Alliance lui avait rendu la monnaie de la pièce. Elle s’est faite représenter par le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré à l’investiture de « Mister John » à Accra. Ainsi, John Dramani fait preuve de real politique dans cette rupture de l’AES avec la Cedeao. Lui qui a reconnu dans son périple sahélien que l’organisation régionale avait quelque peu pêché dans certaines de ses décisions entachant de facto sa crédibilité.
Avec Tact, hauteur et froideur, le chef de l’État ghanéen a fait du 5/5, disons, du 3/3. Un voyage qui, non seulement lui est bénéfique en termes d’échanges commerciaux mais aussi au plan diplomatique car il devient le médiateur par excellence entre ces trois pays et la Cedeao. Une mission dont il a commencé à assurer depuis Abidjan alors en visite en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara lui plaçait toute sa confiance et celle de ses pairs de la Cedeao pour faire revenir l’AES dans l’organisation au demi-siècle d’existence. John Dramani avait pris l’engagement de porter ce message à ces « pays frères ». Au fur et à mesure que Dramani parcourait le Sahel, ce discours de réintégration de la Cedeao a plus ou moins été dilué, mais mieux, invitant la Cedeao à se mettre à jour et accepter faire désormais avec l’AES.
Dans cette nouvelle recomposition géopolitique sous-régionale avec la nouvelle organisation, l’AES, et si le Ghana avait su tirer le maximum de profit et était en définitive le grand gagnant ?