
C’est un homme qui se fait rare et discret depuis son retrait de la vie politique en 2021 et plus, depuis la chute du pouvoir de Roch Kaboré en 2022. Sa photo a fait le tour des réseaux sociaux ce vendredi 28 mars 2025 lors de la sortie de la 54ème Promotion de l’Ecole Nationale de Police (ENP).
L’homme de 72 ans et emblématique maire de Ouagadougou (1995-2012) est apparu dans un ensemble Faso Danfani (tissu local à base de coton) bleu, rayure jaune, mocassin aux pieds et canne à la main. Barbe blanche circulaire, l’homme visiblement a pris de l’âge mais semble se sentir bien dans sa peau.
L’un des trois tombeurs de Blaise Compaoré avec Roch Kaboré et Salif Diallo et influent membre du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), assistait ainsi à cette cérémonie de sortie de promotion des policiers. Si la présence de Simon Compaoré a fait beaucoup parler et sa photo tournant dans plusieurs forums a intrigué, était-il présent à quel titre ?
Selon les informations de Burkina Yawana, le « dinosaure politique » a été invité à la cérémonie en tant qu’ancien ministre de la Sécurité du Burkina Faso. Oui, on se souvient de son passage à la tête de ce ministère entre janvier 2016 et février 2018. A partir de cette date, il est ministre d’Etat sans portefeuille à la présidence et ce, jusqu’en janvier 2019.
Connu pour ses phrases chocs et autres formules percutantes, l’opposition demande sa démission en 2017 pour son incompétence à juguler la crise sécuritaire et sa vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux brandissant une arme de guerre (Kalachnikov).
Deuxième vice-président chargé des relations extérieures du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), il est président du parti en août 2017, d’abord par intérim à la suite de la mort de Salif Diallo le président du MPP puis prend la tête du parti à partir de mars 2020.
Le 26 septembre 2021, Alassane Bala Sakandé est élu président du MPP à l’issue d’un congrès extraordinaire et remplace Simon Compaoré à la présidence du parti. Simon Compaoré est nommé président d’honneur du parti.
M. Compaoré annonce son retrait de la vie politique après plus de trois décennies d’exercice. « Au moment où je me retire, notre pays fait face, avec détermination et résilience, à une guerre qui lui a été imposée par les forces du mal. Je prie DIEU, afin que les anges de l’Éternel campent autour de nos forces combattantes, autour du Burkina Faso et leur assurent une victoire définitive, sur cette agression venue du fond des âges », avait déclaré le « père Hakuna Matata » prononçant son discours lors du congrès.
Simon Compaoré après ses études en France est rentré au pays en 1980. Il s’engage aussitôt dans la création et l’animation de certains regroupements communistes officiant à l’époque, dans le landerneau politique Burkinabè. Mais la scission de l’ULC/ Flamme va conduire l’homme et ses camarades à la création du PLP (Pour le Parti). Il est à la création de l’ODP/ MT et du CDP. Mais de profondes divergences au sein de ce parti, dont le point culminant fut la tentative de révision de l’article 37 de la constitution, vont aboutir à la création du MPP.
Fondé en 1996 sur une plate-forme minimale démocratique, le CDP, explique Simon Compaoré dans sa lettre d’adieu, par les violations répétées de ses textes fondamentaux et les méthodes de gestion fondées sur l’exclusion, le clanisme et les intrigues de tout genre, ne reflétait plus les aspirations profondes de certains de ses fondateurs et de nombreux militants. « Notre contribution démocratique au sein des instances de ce parti étant rendue impossible, il était de notre devoir, d’en tirer les conséquences et de prendre nos responsabilités devant l’histoire, ce que nous fûmes le 04 Janvier 2014 », indique-t-il.
A la faveur de la présidentielle de 2015, le MPP est porté au pouvoir. Les RSS (Roch, Salif et Simon) démontrent qu’ils étaient de fin stratèges politiques. La mort d’un de ses membres importants Salif Diallo en août 2017 a sans doute ébranlé le parti de Roch Kaboré. En janvier 2022, deux ans après la présidentielle de 2020, le parti perd le pouvoir et est renversé par un coup d’Etat.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba est le tombeur de Roch Kaboré. Huit mois plus tard, il est à son tour renversé par le Capitaine Ibrahim Traoré pour son incapacité à juguler la crise sécuritaire.