Alpha Blondy persiste et signe : selon lui, Laurent Gbagbo n’a pas été acquitté par innocence, mais faute de preuves.
L’artiste qui avait affirmé que c’est grâce à Alassane ouattara que l’ancien Président a pu regagner la Côte d’Ivoire, dans une nouvelle sortie chez « L’Intelligent d’Abidjan » ce mardi 15 avril, le reggaeman remet en question l’acquittement de Laurent Gbagbo par la Cour pénale internationale (CPI).
« Une chose est sûre, il n’est pas libre par innocence mais plutôt pour insuffisance de preuves. C’est dans un français que n’importe qui peut comprendre sauf mauvaise foi », a déclaré l’auteur de Brigadier Sabari.
Charge
Pour rappel, la chambre d’appel de la CPI a confirmé, le 31 mars 2021, la décision de la chambre de première instance d’acquitter l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, de toutes les charges de crime contre l’humanité. Selon l’instance, les preuves présentées par Fatou Bensouda étaient « exceptionnellement faibles », comme l’avait établi la chambre de première instance, en janvier 2019.
Les deux prévenus étaient poursuivis pour leurs responsabilités dans la perpétration des crimes contre l’humanité à Abidjan, du 16 décembre 2010 au 12 avril 2011 : meurtres, viols, autres actes inhumains, tentative de meurtres et persécutions. Des crimes commis par les deux camps pendant la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait coûté la vie à au moins 3 000 personnes.
Mais Alpha Blondy conteste frontalement l’idée selon laquelle Laurent Gbagbo aurait été totalement blanchi par la Cour pénale internationale. Pour lui, la nuance est capitale. Si Gbagbo avait été acquitté pour innocence, pourquoi n’a-t-il pas poursuivi la CPI pour dommages, comme tout citoyen victime d’une détention injustifiée ?, s’interroge-t-il.
« Les avocats de Gbagbo ne sont pas des novices », affirme Alpha. « Ils connaissent tous les droits d’un innocent qui a été gardé en prison durant 10 années de sa vie pour des fautes qu’il n’a pas commises ».
Et d’ajouter, non sans ironie : « Quelqu’un qui n’arrive pas à renoncer à un pouvoir qu’il a usurpé depuis là, c’est 10 ans de prison gratuite il va laisser comme ça avec des millions de dollars à la clé ? »
Cette charge relance le débat, quelques jours après le communiqué signé de Me Habiba Touré, porte-parole du président Laurent Gbagbo, qui accusait l’artiste de réécrire l’histoire. « Non, le Chef de l’État, Alassane Ouattara n’a jamais favorisé le retour du Président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire », affirmait-elle avec force. « Tout a été fait pour l’empêcher ».
« Ce verdict pue la politique »
Dans le même communiqué, le camp Gbagbo rappelait que l’ancien président avait été empêché de rentrer pour les obsèques de sa mère, qu’il avait été condamné à 20 ans de prison dans l’affaire de la BCEAO, et que la décision de la Cour africaine des droits de l’Homme ordonnant son inscription sur la liste électorale était restée lettre morte.
« Il suffit d’utiliser un minimum de son cerveau en mode autonome pour comprendre que ce verdict pue la politique et les arrangements qui ne disent pas leurs noms », assène Alpha Blondy. « Je veux juste qu’on m’explique. J’aimerais résoudre cette énigme. Ensuite, on verra si Kôrô Alpha Blondy a raison ou non ».
Réaction
« Nous n’en voudrons pas à Alpha Blondy de raconter n’importe quoi : Laurent Gbagbo n’a pas bénéficié d’un non-lieu à la CPI. Il a été acquitté », a réagi dans la soirée du mardi 15 avril Fabrice Lago, secrétaire national technique chargé du marketing politique au PPA-CI.
« Dans le cas de Laurent Gbagbo, il y a eu confirmation des charges. Les juges ont même donné du temps supplémentaire à la procureure pour solidifier son dossier. Et par la suite, il a été acquitté. Quand on est acquitté, cela signifie qu’on est innocent, puisque tes accusateurs n’ont pas pu fournir la preuve de ta culpabilité. C’est facile à comprendre quand on n’a rien fumé », a asséné Fabrice Lago.
Burkina Yawana avec Linfodrome
