
L’information est une exclusivité Burkina Yawana. Le frère cadet de l’ancien Président Blaise Compaoré, François Compaoré – inculpé dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998 – a fait appel de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction.
Selon les informations de Burkina Yawana, François Compaoré et d’autres inculpés dans le dossier de l’assassinat de Norbert Zongo ont fait appel de l’ordonnance de renvoi devant la chambre criminelle de la Cour d’appel. Les avocats ont fait appel il y a quelques semaines, selon les informations de Burkina Yawana alors que le dossier était bouclé et prêt pour être jugé.
Une source proche du dossier confie à Burkina Yawana que la chambre d’instruction de la Cour d’appel va statuer sur l’ordonnance du juge, sans pouvoir préciser quand est-ce que la décision tombera.
Le juge en charge de l’instruction du dossier a tenu ses engagements pour bien clôturer le dossier, souffle à Burkina Yawana, une autre source proche du dossier.
Pour les avocats des accusés, cet appel apparaissait comme une évidence. « Je l’ai fait dans l’intérêt de mon client », affirme à Burkina Yawana, un des avocats de François Compaoré.
« Tous les accusés prévenus sont morts sauf à s’accrocher désespérément à un prétendu commanditaire qui a aidé par humanisme des prévenus accusés à acheter leurs frais de médicaments », assure l’avocat poursuivant que ce qui ne fait pas de François Compaoré un « coupable de ce crime odieux ».
« Le dossier est vide et il ne faut pas être déçu qu’il n’y ait pas de procès et s’il y a un procès, que ça soit un acquittement pour François Compaoré », a conclu l’avocat à Burkina Yawana.
La saga judiciaire d’un dossier aussi emblématique
Le 13 décembre 1998, le journaliste Norbert Zongo et trois autres de ses compagnons ont été retrouvés morts à proximité de la ville de Sapouy, calcinés dans le véhicule qui les transportait.
La commission d’enquête indépendante mise en place pour élucider le drame a conclu, dès le 6 mai 1999, à un assassinat.
Le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou de l’époque a requis, le 21 mai 1999, l’ouverture d’une information contre X pour assassinat et destruction volontaire de biens. Une personne, Marcel Kafando, a été inculpée.
Le Juge d’instruction a rendu, le 18 juillet 2006, une ordonnance de non-lieu, confirmée le 16 août de la même année par la Cour d’appel de Ouagadougou.
Le 7 avril 2015, suite aux réquisitions du Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, fondées sur de nouvelles charges reposant sur des pièces versées au dossier, le Juge d’instruction a rouvert le dossier. Dans le cadre de cette procédure, trois autres personnes ont été inculpées, de nombreux témoins ont été entendus et de nombreuses expertises ont été réalisées.
De ces investigations, il ressortait que François Compaoré serait le commanditaire de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons.
Le Juge d’instruction a émis, le 5 mai 2017, un mandat d’arrêt international contre François Compaoré. Ce dernier a été interpellé le 29 octobre 2017 à l’aéroport Charles de Gaulle à Paris en exécution de ce mandat d’arrêt international. Une demande d’extradition a été transmise aux autorités françaises.
En septembre 2023, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) s’est opposée à l’extradition de François Compaoré estimant que la France ne doit pas mettre à exécution son décret d’extradition délivré en 2020 sans réexamen à l’aune du nouveau contexte politique au Burkina Faso.
Au Burkina Faso, cela n’a pas arrêté le cours de la procédure judiciaire contre François Compaoré et toutes les autres personnes mises en examen.
Au terme de son instruction, le juge d’instruction a transmis le dossier au Procureur du Faso pour son réquisitoire définitif.
A ce jour, le Procureur du Faso a effectivement pris ses réquisitions dans lesquelles il a requis du juge d’instruction qu’il retienne qu’il y a charges suffisantes contre les personnes mises en examen à savoir Paul François Compaoré, Banagoulo Yaro pour les faits de complicité d’assassinat et de complicité de destruction volontaire de bien mobilier et contre Christophe Combasséré pour les faits d’assassinat et de dégradation volontaire de bien mobilier.
Les pièces du dossier ont été transmises à la chambre criminelle de la cour d’appel de Ouagadougou pour être jugé. C’est cette ordonnance de renvoi et de mise en accusation devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou qui a été frappée d’appel.
En décembre 2024, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance Ouaga 1 Blaise Bazié avait rassuré que des dispositions seront prises par son Parquet pour la transmission du dossier à la Cour d’appel de Ouagadougou dès les premières semaines de janvier 2025. Et qu’il appartiendra à la Cour de juger le dossier et ce, même avec la non extradition de François Compaoré.
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