Il y a 10 ans, la tentative avortée du coup d’État du général Diendéré

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Ce jour-là, le 16 septembre 2015, un commando d’une dizaine de militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ex garde prétorienne de Blaise Compaoré – ce dernier chassé en octobre 2014 par une insurrection populaire après vingt-sept ans de pouvoir sans partage – avait arrêté le gouvernement de transition.

 Le général Gilbert Diendéré, ancien chef de l’unité d’élite de l’armée, avait alors pris la tête du Conseil national pour la démocratie (CND), organe créé à la faveur du putsch, avant de rendre le pouvoir à des unités loyalistes de l’armée et de la communauté internationale, une semaine plus tard, face à la pression de la rue. 

Ce putsch n’aura duré qu’une semaine. Les forces restées fidèles à l’armée et la pression de la rue ont fait échoué le projet. Pendant ces jours, Ouagadougou, la capitale et les grandes villes du pays étaient en ébullition permanente. La communauté internationale et les organisations sous-régionales, Cedeao, union de africaine, condamnent à l’unanimité le coup de force contre la Transition dirigée par Michel Kafando. 

Le 25 septembre 2015, au premier Conseil des ministres après le coup d’État, le gouvernement de transition annonce d’importantes mesures dont: la dissolution et le désarmement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) exigée depuis des années par la société civile, la création d’une commission d’enquête d’une durée maximale de 30 jours pour déterminer les acteurs du coup d’État et les faire juger devant un tribunal militaire, la destitution des hauts gradés militaires ayant collaboré directement ou indirectement avec les putschistes.

Aussi, les avoirs de 14 personnalités liées au coup d’État, dont le général Diendéré, et de quatre partis politiques proches de l’ancien président Blaise Compaoré ont été gelés dès le 26 septembre 2015. 

Les principaux commanditaires sont arrêtés principalement le général Gilbert Diendéré et le général Djibril Bassolé. 

Début octobre 2015, le général Diendéré et l’ancien ministre es Affaires étrangères Djibrill Bassolé – arrêté le 29 septembre 2015 – sont inculpés de 11 chefs dont « atteinte à la sûreté de l’État » et un mandat de dépôt est décerné à leur encontre

Marathon judiciaire

Le dossier est judiciarisé et le Tribunal militaire en est à sa charge. A partir de là, débute un procès marathon. Quatre ans plus tard et 18 mois de procès, en septembre 2019, il connaît son épilogue. 

Les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, accusés d’être les principaux instigateurs du coup d’Etat qui avait fait 14 morts et 270 blessés, ont été condamnés respectivement à vingt ans et dix ans de prison ferme. 

Ancien bras droit de l’ex-président Blaise Compaoré, M. Diendéré a été reconnu coupable d’ « attentat à la sûreté de l’Etat », de « meurtre » et de « coups et blessures volontaires ». M. Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères, de « trahison ».

La dizaine de militaires membres du commando qui avait arrêté les membres du gouvernement de transition lors du coup de force ont aussi été condamnés: 19 ans de prison pour l’adjudant-chef Éloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch, 17 ans pour l’adjudant-chef Nébie, alias « Rambo », qui avait reconnu avoir mené le groupe, et 15 ans pour les autres. Contre eux, le parquet avait requis 25 ans de prison.

Quant au lieutenant-colonel Mamadou Bamba, qui avait lu à la télévision le communiqué des putschistes, il a été condamné à 10 ans de prison dont cinq avec sursis. Le parquet avait requis 15 ans ferme à son encontre.

Le général Gilbert Diendéré continue de purger sa peine à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Quant au général Djibril Bassolé – parti en janvier 2020 en France pour se faire soigner d’un cancer du péritoine – n’est plus jamais retourné au Burkina Faso. Il dénonce un harcèlement judiciaire et clame toujours son innocence. 

Vers une amnistie ?

Dernièrement en décembre 2024, le gouvernement a annoncé que des personnes présumées impliquées dans le coup d’Etat des 15 et 16 septembre 2015 pourront bénéficier d’une amnistie, adoptant à cet effet, un projet de loi portant « amnistie et conditions d’octroi de la grâce amnistiante relativement aux évènements des 15 et 16 septembre 2015 ».

Ces personnes doivent remplir un certain nombre de critères pour bénéficier de cette amnistie. « Il s’agit de leur reconnaissance des faits des 15 et 16 septembre 2015, de la preuve de leur engagement patriotique dans la reconquête du territoire, de leur bon comportement en détention, de la manifestation de leur volonté et leur intérêt de vouloir être déployées sur le théâtre des opérations », avait expliqué le ministre de la Justice Rodrigue Bayala. 

En janvier 2025, le Procureur Militaire près le Tribunal Militaire de Ouagadougou informait les auteurs et présumés auteurs des faits des 15 et 16 septembre 2015 que le 30 décembre 2024, l’Assemblée Législative de Transition a adopté la loi portant amnistie et conditions d’octroi de la grâce amnistiante.

Ainsi, l’article 2 de cette loi dispose que peuvent bénéficier de la grâce amnistiante, les personnes ayant déjà fait l’objet d’une condamnation pénale ou d’une sanction disciplinaire ou faisant l’objet de poursuites pour les faits se rapportant aux infractions relatives à l’atteinte à la sûreté de l’Etat et toutes autres infractions commises lors des événements des 15 et 16 septembre 2015, rappelait le procureur militaire et de préciser que les demandes individuelles des personnes intéressées sont adressées au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et déposées au Parquet près le Tribunal Militaire de Ouagadougou.

« Les demandes motivées doivent être introduites au Parquet militaire près le Tribunal militaire de Ouagadougou les jours et heures ouvrables jusqu’au 30 juin 2025 à 17 heures », avait-il ajouté.


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