La Côte d’Ivoire dénonce une enquête de radio Canada sur les « brouteurs »

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L’ambassade de la Côte d’Ivoire au Canada a porté la voix du pays à travers un communiqué. Le pays s’insurge et dénonce une enquête de Radio Canada intitulée « L’arnaque amoureuse, spécialité de la mafia africain » se focalisant sur le phénomène des cybercriminels, des arnaqueurs appelé « brouteur » en Côte d’Ivoire et dont plusieurs canadiens ont été victimes. La Côte d’Ivoire dit n’avoir pas été associée à la production de l’enquête et la rejette fermement. Ce que réfute Radio Canada qui dit avoir contacté des autorités ivoiriennes mais sa demande est restée sans suite.

L’Ambassade de Côte d’Ivoire au Canada – dans son communiqué – dit avoir « suivi avec stupéfaction », le film intitulé « enquête » diffusée par Radio-Canada relatif à un prétendu « crime organisé africain » au Québec. En réalité, poursuit l’ambassade, « cette production s’apparente davantage à une mise en scène tendancieuse visant à jeter l’opprobre sur la Côte d’Ivoire ».

« L’ambassade exprime ses vives réserves et s’insurge contre une production journalistique réalisée sans que la Côte d’Ivoire n’ait été consultée ni entendue. Une telle démarche déséquilibrée, partielle et partiale aboutit à une information tronquée qui porte gravement atteinte à l’image de la Côte d’ivoire, à sa crédibilité internationale et à la réputation de sa communauté au Canada », peut-on lire dans le communiqué.

L’Ambassade tient à rappeler ce qui suit:

-La Côte d’lvoire rejette avec la plus grande fermeté toute assimilation abusive entre la criminalité d’individus isolés et une prétendue « mafia ivoirienne ». De telles généralisations relèvent d’une stigmatisation inacceptable et dangereuse pour la sécurité et la dignité des ressortissants ivoiriens ;

  •   La Côte d’Ivoire est elle-même confrontée aux réseaux criminels transnationaux. Elle mène une lutte rigoureuse et constante contre la cybercriminalité, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, conformité avec ses engagements internationaux ;
  •   L’implantation et la prospérité de tels réseaux au Canada trouvent leur origine dans des failles structurelles locales, notamment la délivrance et le contrôle insuffisants des permis d’études, le suivi lacunaire des étudiants étrangers, la vérification incomplète des identités et l’absence d’une traçabilité efficace des flux financiers ;
    La faiblesse de la coopération policière et judiciaire entre les autorités canadiennes et ivoiriennes constitue un frein majeur à la lutte efficace contre ces pratiques d’individus isolés.

La très grande majorité des ressortissants ivoiriens au Canada, précise le communiqué, sont des « citoyens exemplaires, respectueux des lois, intégrés et contribuant activement à la vie académique, économique et culturelle du pays d’accueil ».

« L’ambassade invite les médias canadiens, en particulier Radio-Canada, à faire preuve d’un sens aigu de la responsabilité et de l’équilibre, afin de ne pas relayer des amalgames susceptibles de nuire grandement à la cohésion sociale et de déformer la réalité des faits », note le communiqué.

Le pays a réaffirmé « sa disponibilité à renforcer la coopération bilatérale avec le Canada, seule voie crédible pour lutter efficacement contre toute forme de criminalité transnationale organisée ».

Romain Schué, journaliste auteur de l’enquête a réagi via X (anciennement Twitter) et a précisé que les autorités ivoiriennes ont bien été contactées mais ont refusé de réagir au regard, dit-il, de la « sensibilité du sujet ».

L’enquête d’une quarantaine de minutes fait une plongée dans le monde des cybercriminels au Canada et en Côte d’Ivoire. Plusieurs Canadiens ont été arnaqués et cela se chiffre à des millions de dollars. En 48h, l’enquête a déjà été regardée par près de 300 000 personnes sur la chaîne YouTube au million d’abonnés de Radio Canada.

De l’arnaque amoureuse au financement « d’activités terroristes »

Selon l’enquête citant les renseignements des services frontaliers canadiens, le crime organisé africain participerait notamment au financement « d’activités terroristes ». Des liens avec l’organisation libanaise du Hezbollah, qui serait actif en Côte d’Ivoire, ont également été repérés.

« Il y a une mafia ivoirienne qui est en train de se constituer, explique le criminologue ivoirien Ladji Bamba, Maître de conférence à l’Université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan. 

Le chercheur ivoirien, toujours selon l’enquête, étudie l’évolution de ce réseau criminel, qui copie des méthodes déjà vues dans des pays voisins anglophones, comme le Nigeria. « Cette mafia ivoirienne est jeune, mais elle fait peur. On se demande ce qu’elle représentera dans 10 ans. C’est à prendre au sérieux », dit-il.


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