À quelques jours du lancement de la 8ᵉ édition des Rencontres Musicales Africaines (REMA), prévue du 16 au 18 octobre 2025 à Ouagadougou, son promoteur, Alif Naaba, nous parle des préparatifs, des innovations et de la vision portée par cette rencontre désormais incontournable du monde musical africain.
Burkina Yawana (BY) : Alif Naaba, à une semaine du lancement des REMA 2025, comment se présente la préparation générale de l’événement ?
Alif Naaba (AN) : Nous sommes très heureux et impatients. À quelques jours du démarrage, nous attendons les délégations venant de 18 pays. C’est une véritable course contre la montre pour toutes les commissions, mais l’enthousiasme est au rendez-vous. L’équipe travaille d’arrache-pied pour offrir une édition mémorable.
BY : Le thème de cette année, « SAHEL, un nouvel imaginaire créatif », est porteur de sens. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
AN : C’est un thème fort, né de la conviction que le Sahel regorge d’initiatives créatives extraordinaires, notamment dans la musique, mais encore trop méconnues. Les acteurs du Burkina ne connaissent pas toujours ceux du Mali ou du Niger, et vice versa. Nous avons mené une enquête sur plusieurs pays de la zone sahélienne afin de mieux comprendre leurs écosystèmes.
Les panels des REMA permettront de partager ces données et de produire un mémo pratique qui aidera les acteurs à collaborer au-delà des frontières. Le Sahel est une zone pleine de créativité et d’opportunités en matière de streaming et d’économie musicale.
BY : Les REMA changent de cadre cette année pour s’installer au Palais des Sports de Ouaga 2000. Que représente ce changement ?
AN : Nous remercions le ministère de la Culture et du Tourisme qui a facilité l’acquisition du Palais des Sports, puisque le Monument des Martyrs est en rénovation. C’est un lieu emblématique de Ouagadougou, très fréquenté par la jeunesse. Nous y installerons un véritable village culturel avec des expositions, des panels, des ateliers, des espaces dédiés aux enfants… Bref, trois jours d’activités intenses et diversifiées.
BY : L’ouverture de « La Cité de la Musique » est également très attendue. Pouvez-vous nous en dire plus ?
AN : C’est un incubateur qui va impulser une nouvelle dynamique professionnelle dans notre écosystème musical. Il offrira des formations, accompagnera les jeunes et soutiendra la politique culturelle du gouvernement. L’objectif est de structurer la filière et de créer des connexions entre acteurs. Cette ouverture coïncide d’ailleurs avec mes 20 ans de carrière : une belle façon de célébrer la musique autrement.
BY : Une autre innovation est la création de la REMA App. En quoi cette application va-t-elle changer l’expérience du public ?
AN : Aujourd’hui, tout passe par le digital. Nous avons voulu combler le retard que nous avons dans ce domaine. Grâce à la REMA App, chacun pourra suivre le programme, s’informer sur les activités, découvrir les lieux partenaires, restaurants, taxis, bars… C’est un outil pratique qui permettra à tous – même ceux qui ne peuvent pas se déplacer – de vivre les REMA en direct depuis leur smartphone.
BY : Les REMA, c’est aussi un espace de formation. Quels sont les temps forts de cette édition sur ce plan ?
AN : Cela fait trois ans que nous formons des beatmakers et des producteurs. Cette année, nous accueillerons DJ Neptune, un grand beatmaker et producteur nigérian, pour former nos jeunes talents. Il y aura également des formations sur la distribution musicale et le live digital. Ces ateliers permettent aux participants d’acquérir de nouvelles compétences, renforçant ainsi la professionnalisation du secteur.
BY : Dix-huit pays participeront à cette édition. Que représente une telle ouverture pour le Burkina et pour le Sahel ?
AN : C’est une grande fierté. Malgré le contexte que vit notre pays, le Burkina reste fréquentable. Comme le FESPACO ou le SIAO, les REMA prouvent que nous savons accueillir le monde. Du 16 au 18 octobre, Ouagadougou sera la capitale de la musique africaine. Nous voulons montrer que notre région, le Sahel, est un espace de créativité et d’espoir.
BY : Depuis leur création, quel impact les REMA ont-ils eu sur l’industrie musicale africaine ?
AN : Un impact réel ! Les REMA ont permis la naissance de nombreuses collaborations entre artistes et structures africaines. Nous avons facilité la mobilité des acteurs culturels et contribué à professionnaliser le secteur. Les REMA sont devenues une plateforme de connexion entre les professionnels burkinabè et ceux du reste du continent.
BY : Que peuvent attendre les jeunes artistes et producteurs africains de cette édition 2025 ?
AN : Les REMA sont un espace ouvert à tous. Nous aurons un grand espace presse, des formations, des rencontres, des concerts… J’invite les jeunes artistes, producteurs et labels à venir apprendre, se connecter et profiter de ce grand marché de la musique africaine. C’est une opportunité unique pour construire des partenariats solides.
BY : Vous êtes à la fois artiste et promoteur culturel. Comment conciliez-vous ces deux casquettes ?
AN : C’est une chance, car les REMA parlent de musique, mon domaine de prédilection. Cela me permet d’apprendre, de partager et de nourrir ma propre démarche artistique. Être des deux côtés me rend plus attentif aux besoins des artistes et du milieu.
BY : Votre parcours inspire de nombreux jeunes. Quels moments clés ont façonné votre vision d’artiste et d’entrepreneur
AN : Les voyages, les rencontres et la musique m’ont beaucoup appris. J’ai eu la chance de parcourir le monde, et c’est en observant d’autres modèles que j’ai conçu les REMA. Cette plateforme est une manière de redonner au continent ce que j’ai reçu de la musique.
BY : Enfin, quel message souhaitez-vous adresser aux acteurs culturels et au public à la veille de cette 8ᵉ édition ?
AN : Mon message, c’est celui de la persévérance et du travail bien fait. Nous formons de nombreux jeunes pour qu’ils portent haut les valeurs de notre culture. Les REMA sont une vitrine de l’excellence et du savoir-faire burkinabè. J’invite tout le monde à venir partager ces trois jours de créativité, d’échanges et de bonheur musical.
Les REMA 2025 se tiendront du 16 au 18 octobre au Palais des Sports de Ouaga 2000. Un rendez-vous incontournable pour célébrer la musique africaine et la créativité sahélienne. Burkina Yawana, votre média, est partenaire de cette édition des REMA.
André Yameogo, stagiaire

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