Le président français, Emmanuel Macron, débute, jeudi, à l’île Maurice une tournée africaine qui le conduira aussi en Afrique du Sud, au Gabon et en Angola. Quatre destinations qui témoignent d’une réorientation de la diplomatie française après le retrait forcé du Sahel.
Impulser » de nouvelles « dynamiques » sur le continent
Après plusieurs années marquées par une série de désillusions, Emmanuel Macron entend concrétiser la réorientation de sa politique africaine à travers une mini tournée qui l’emmènera, jeudi 20 novembre, à l’île Maurice puis en Afrique du Sud où se déroulera le G20, au Gabon et en Angola.
À chaque étape, le président français entend concrétiser une relation renouvelée avec l’Afrique, affirme l’Élysée, à rebours de l’héritage de la France coloniale (la « Françafrique »), qu’il avait esquissée lors de son discours de Ouagadougou en 2017.
« Je suis d’une génération de Français pour qui les crimes de la colonisation européenne sont incontestables et font partie de notre histoire […] Je suis d’une génération où on ne vient pas dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire, quelles sont les règles de l’État de droit », avait affirmé le nouveau chef de l’État alors âgé de 39 ans, marquant une forme de rupture avec ses prédécesseurs.
Cependant, huit ans plus tard le constat est amer. Malgré un record de 40 déplacements et 26 pays africains visités, des jalons marquants de la politique mémorielle en Algérie, au Sénégal et au Rwanda, l’ancienne puissance coloniale et gendarme de l’Afrique a été chassée du Sahel, du Mali au Tchad. Accusée d’ingérence, la France fait face à un profond désamour populaire.
Une « forte composante économique »
Contrainte et forcée, la diplomatie française s’est donc réorientée vers les pays africains anglophones et lusophones, pays sans passif colonial avec Paris et dont les marchés intérieurs dynamiques constituent des opportunités non négligeables pour les entreprises tricolores.
Partenaire-clé de ce changement de stratégie, le Nigeria et ses 220 millions d’habitants, dont le président Bola Tinubu a été reçu en grande pompe il y a tout juste un an par Emmanuel Macron. Le pays le plus peuplé d’Afrique est devenu en 2024 le premier partenaire économique de la France en Afrique subsaharienne.
L’Élysée rappelle d’ailleurs que chaque déplacement prévu dans cette tournée africaine comporte une « forte composante économique ». À commencer par l’île Maurice, l’un des pays les plus riches du continent en termes de PIB par habitant et qui bénéficie d’un taux de croissance économique de plus de 4 % en 2024.
Emmanuel Macron devait déjà s’y rendre en avril mais a repoussé sa visite en raison des obsèques du pape François. Le chef de l’État entend ainsi renforcer, avec cette première visite d’un président français depuis François Mitterrand en 1993, un partenariat déjà ancien mais un peu « distendu » ces dernières années.
Au-delà des opportunités économiques, la France cherche également à renforcer la coopération sécuritaire entre l’île et les départements français de Mayotte et de la Réunion, situés à moins d’une heure en avion.
« La France vient de subir un échec à Madagascar où le président (Andry Rajoelina) qui était proche d’Emmanuel Macron a été destitué (par des militaires, NDLR). Il y a donc un besoin de rééquilibrage » de la diplomatie française dans la région, rappelle auprès de l’AFP François Gaulme, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Partenariat « gagnant-gagnant »
Le chef de l’État se rendra ensuite en Afrique du Sud pour une étape plus diplomatique avec une visite bilatérale et le sommet du G20, samedi et dimanche, à Johannesburg. Outre une rencontre avec le président Cyril Ramaphosa, il assistera aussi au lancement d’un conseil d’affaires franco-sud-africain sur le modèle de celui qui existe déjà au Nigeria.
Premier organisé sur le sol africain, le G20 sera marqué par l’absence de Donald Trump qui reproche à Pretoria une prétendue persécution de la minorité afrikaner, issue des premiers colons européens.

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