Dans une lettre ouverte adressée à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Wangnin Zerbo, journaliste, écrivain et activiste a estimé que l’organisation régionale doit retirer les trois pays le Burkina Faso, le Mali et le Niger – formant l’Alliance des États du Sahel (AES) – de sa carte.
Fin janvier 2024, les trois pays ont annoncé leur « retrait irréversible » de la Cedeao. Fin janvier 2025, l’organisation régionale a acté le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Elle a décidé de prendre des mesures « dans l’esprit de la solidarité régionale et dans l’intérêt supérieur des populations ».
L’intégralité de la lettre ouverte
LETTRE OUVERTE À LA CEDEAO
Quand un logo ne reflète plus la réalité
À l’attention du Premier Responsable de la CEDEAO,
La communication institutionnelle n’est jamais un détail. Les symboles parlent, parfois plus fort que les discours. Parmi eux, le logo occupe une place centrale : il dit qui l’on est, où l’on est et ce que l’on représente.
Aujourd’hui, le logo officiel de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest pose un sérieux problème de cohérence et de crédibilité. La carte qui y figure continue d’inclure le Burkina Faso, le Mali et le Niger, alors que ces trois États ne sont plus membres de la CEDEAO.
Ce fait n’est ni une opinion ni une polémique : c’est une réalité politique, juridique et géographique. Persister à afficher une carte qui ne correspond plus à la composition réelle de l’organisation entretient une confusion regrettable, aussi bien auprès des citoyens ouest-africains que de l’opinion internationale.
Un logo institutionnel n’est pas un outil de propagande, encore moins un instrument de nostalgie politique. Il doit refléter fidèlement la réalité qu’il prétend représenter. En l’état, le logo actuel de la CEDEAO donne l’image d’une institution en décalage avec son propre contexte, incapable d’assumer les mutations profondes de l’espace ouest-africain.
Il ne s’agit pas ici de juger les choix souverains des États, ni d’alimenter des divisions. Il s’agit simplement d’exiger la vérité symbolique. Une organisation sérieuse se doit d’aligner son image avec les faits.
C’est pourquoi j’en appelle publiquement à la responsabilité de la CEDEAO : engagez une révision de votre logo et retirez de la carte les États qui ne font plus partie de l’organisation. Ce geste, loin d’être anodin, serait un signal de maturité institutionnelle, de respect de la réalité et de considération envers les peuples de la région.
L’Afrique de l’Ouest traverse une période de profondes recompositions. Elle a besoin d’institutions lucides, transparentes et cohérentes — y compris dans leurs symboles.
Changer un logo ne résoudra pas toutes les crises, mais refuser de le faire alors que la réalité a changé affaiblit encore davantage la confiance. La vérité géographique n’est pas négociable.
Wangnin Zerbo, Journaliste, écrivain burkinabè
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